Saudades de ma seconde patrie !

 J.-M. Nobre-Correia

Cela fait aujourd’hui exactement neuf ans que j’ai quitté Bruxelles et me suis installé dans mon pays et ma ville d’origine.

Jusqu’à présent, je n’ai jamais regretté mon choix de revenir au Portugal, 45 ans et trois mois après l’avoir quitté. J’avais d’abord des raisons affectives pour le faire, même si deux autres raisons se sont avérées totalement dépourvues de pertinence. Quoi qu’il en soit, je m’y sens enfin citoyen à part entière, ce qui n’est point du tout négligeable.

Pourtant, les déceptions sont grandes. Les rapports sociaux ne sont plus du tout ce qu’ils étaient vers le milieu des années 1960. Et ma ville d’origine, qui a fortement grandi, est plutôt un désert en termes de sociabilité. D’autant plus que mes amis d’enfance ou de jeunesse ont pratiquement disparu, entre ceux qui se sont installés ailleurs (et surtout dans cette gigantesque pompe d’absorption qu'est Lisbonne !) et ceux qui sont décédés. Dans les faits, mon superbe appart, avec vue imprenable sur les montages, est devenu avant tout mon bureau, avec, en plus, tout ce côté affectif lié à mes choses apportées de Bruxelles et à celles que j’ai hérité de ma famille !

Mais, je répète, je ne regrette absolument pas d’être revenu. Même si mes amis bruxellois me manquent très fort. Heureusement qu’il y a maintenant toutes ces nouvelles technologies qui nous permettent de parler et même de nous voir sans bourse délier ! Et c’est ainsi que je parle assez régulièrement avec des amis de parfois plus de 50 ans, le plus ancien datant de la rentrée académique de 1968 !

C’est avec eux que j’ai en fait des dialogues sur « la même longueur d’onde », avec les mêmes références culturelles, avec la même terminologie ! Avec ce côté très belge et surtout très bruxellois de gens ouverts sur le monde extérieur, en contact permanent avec des gens venant d’autres horizons, d’autres cultures.

Ce côté multiculturel est même celui qui m’a le plus ébloui dès les tout premiers jours, quand je suis arrivé à Bruxelles fin 1966. Avec tous ces étudiants vietnamiens, latino-américains, magrébins et subsahariens que je croisais tous les jours sur le campus de l’Université libre de Bruxelles. Alors que je venais d’une Universidade Técnica de Lisboa et d’une ancienne capitale d’empire où, une année académique durant, j’avais croisé un seul étudiant noir !

C’est ce côté multiculturel, cosmopolite, da la « capitale de l’Europe » qui me manque. Avec tout ce monde que l’on entend parler les langues les plus inimaginables dans des restaus aux origines les plus incroyables et, bien souvent, les plus agréables et délicieux !

Ce fichu covid-19 m’a empêché ces derniers mois de faire un saut jusqu’à Bruxelles, ma deuxième ville de mon autre pays. Mais j’y retournerai dès que possible pour respirer l’air d’Ixelles, du Solbosch et du Bois de la Cambre qui ont fait ma vie quotidienne et sont de fait ma seconde patrie !…

Photo de 1967 …après avoir rasé la barbe, juste avant les examens !…

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